Petit Pays, beau roman.

Initialement, je ne voulais pas rédiger d’article sur Petit Pays, de Gaël Faye.

Pas parce que je n’ai pas lu ce livre ou parce qu’il ne m’a pas plu.

Bien au contraire, j’ai savouré ce livre, comme lorsque l’on prend le temps de s’imprégner du goût d’un succulent mets. Je me suis sentie enrichie par cette lecture.

 

Ce livre m’a fait voyager. En restant dans ma chambre, j’ai parcouru le monde, j’ai découvert une culture que je ne connaissais pas tout en me sentant proche du narrateur qui parle à la première personne du singulier.

 

Ce livre m’a fait rêver. Il m’a rappelé mon enfance et cette époque où l’on réglait les antennes radio pour capter au mieux la station recherchée afin qu’elle grésille le moins possible. Les jeux d’enfants, les voisins avec qui l’on explore le monde, la compréhension distante voire partielle des évènements, oui tous ces éléments me suggérant que l’enfance est empreinte d’universalisme.

 

Ce livre m’a interpelée. La haine qui monte, insidieusement, la colère et le désir de vengeance qui s’imposent comme seule issue… Qui n’a jamais ressenti cela ? En nous, autour de nous ? Les mots choisis, les sensations transmises, les situations décrites par Gaël Faye sont porteurs d’un fort message. Ce message s’enracine dans la réalité de ce que traverse le Burundi à cette époque, terriblement dure tout en étant porteur d’espoir. Le narrateur ne sombre pas dans la haine, il cherche une autre voie. Une voie sur laquelle il ne serait ni dans un camp, ni dans l’autre. Ce chemin est étroit, il comporte le risque d’être incompris par les deux camps se déchirant mais il a le mérite de refuser la haine. Il ne sait pas encore quel va être son possible mais il sait déjà que la haine n’en fera pas partie.  

 

Ce livre est fortement porteur d’espoir.

 

Il décrit magnifiquement un pays, une enfance, des amitiés.

 

Il est universel et singulier.

 

Il nous rejoint où nous sommes tout en nous parlant d’un ailleurs.

 

Je ne saurai en dire plus, lire ce livre c’est voyager, c’est retrouver des saveurs de l’enfance, c’est écouter le témoignage d’un enfant rescapé d’un génocide, c’est entendre le point de vue d’un adulte qui refuse la haine, c’est découvrir une culture, un pays… C’est peut être, tout simplement, apprendre à aimer.

 

Alors, sans oser « critiquer ce livre », je me suis permise de vous livrer, mon ressenti.

 


Juste avant le bonheur, oser prendre du repos.

 

J’ai récemment lu Juste avant le bonheur, d’Agnès Ledig. J’ai trouvé ce livre profond et encourageant.

 

Profond car l’on peut percevoir dans ce livre une réelle profondeur d’âme des personnages.

 

Un passage en particulier m’a encouragée, celui dans lequel est comparé le déroulement de la vie à une rivière. On est généralement pris par le courant et l’on avance bien vite. Mais parfois, après un choc, lorsque l’on risque de couler, il est plus sage de se mettre à l’abri derrière un gros rocher, dans un endroit où il n’y a pas beaucoup de courant et de profiter de ce petit coin de rivière. J’y ai imaginé mon petit coin de rivière actuel, derrière le rocher et je me suis dit que barboter dans ce lieu calme, dans l’eau, près des roseaux, était vitalement reposant.

 

Est évoqué ensuite, le moment où l’on est suffisamment fort pour retourner dans le courant. J’ai eu peur. Je ne me sens pas encore prête. Mais j’aspire à l’être. J’attends avec impatience le moment où, suffisamment reposée et forte, je reprendrai pleinement le cours de ma vie. Peut-être que je pourrai même avancer très vite, dévaler des cascades sans peur, me jeter dans la mer ! En attendant, je suis bien derrière mon rocher. Mais je commence à me sentir un peu à l’étroit.

 

Qu’il est déculpabilisant de lire que c'est normal, après avoir vécu un choc qui endommage profondément notre âme, de se mettre un peu à l’abri, de prendre le temps de souffler. Nos proches, ceux qui nous aiment sauront comprendre,  attendre.

 

Merci Agnès Ledig pour cet encouragement dans ma vie.